Page 3 - Artillerie et Balistique aux 17e et 18e siècle
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époque. Pourtant ces tables sont toujours la norme quand Bélidor calcule les siennes. C'est une des raisons qui le pousse à écrire Le Bombardier français qui connaîtra un succès dans l'Europe entière. Le problème qu'il se propose de résoudre est le suivant : fournir aux artilleurs des tables qui ne tiennent compte ni du calibre, ni de la quantité de poudre. Il veut des tables universelles. Les résultats de ses travaux se présentent sous forme de tables numériques qui fournissent aux artilleurs l'angle d'inclinaison de la pièce pour différentes portées. Il commence à les calculer en 1720 et les achève en 1725, utilisant une loi qu'il extrait de son Cours de mathématiques, publié la même année mais qui offre d'étranges similitudes avec la loi des portées de Torcelli. À partir de cette loi, il suffisait de tirer quelques coups d'épreuves, de mesurer les portées, puis de calculer les autres portées théoriques. L'essentiel de leur utilisation repose donc sur un coup d'épreuve tiré à 15°qui est choisi parce qu'il permettrait d'obtenir la moitié de la portée maximale obtenue sous 45°. Bélidor
propose donc de jouer uniquement sur l'inclinaison du tube du mortier et en aucun cas sur la quantité de poudre. L'enthousiasme est là, une édition portative et même imprimée mais on peut douter de son impact réel sur les usages des artilleurs. En effet, loin d'être parfaites, ce dont Bélidor s'en ouvre honnêtement, leur précision laisse à désirer notamment sur de longues distances. Il estime, à tort, que les écarts sont
liés aux défauts du matériel et des bombes, à la mauvaise préparation de la charge et du pointage. En fait, il ignore un principe physique qui n'a pas encore été étudié : la résistance que l'air oppose à la trajectoire d'un corps lancé dans le vide. Si les calculs de Bélidor sont exacts, ils ne correspondent pas à la réalité. Ces études sur la balistique extérieure l'amèneront ainsi que d'autres auteurs à réfléchir sur l'inflammation de la poudre, la longueur optimale des canons, la quantité de poudre à utiliser. Ses travaux sur la balistique intérieure l'amèneront à une conclusion capitale pour l'artillerie sous la forme d'un mémoire sur la longueur des canons mais également, en reprenant les travaux de la Frézelière de diminuer la charge utilisée en passant à une charge de poudre correspondant à la moitié du poids du boulet au tiers de son poids.
Si les travaux de Bélidor ont été importants, il ne faut pas omettre de se référer aux travaux d’un
Balliet J.M. — Balistique XVIIe – XVIIIe
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